Depuis sa première commercialisation en 1903, le rasoir de sûreté à lame jetable à double tranchant a évolué maintes fois, mais est toujours revenu à l’essentiel. C’est ce qui fait qu’on utilise encore ce système de nos jours. Le rasoir de sécurité est simple, efficace, économique et écologique, et le choix important de fabricants sur le marché nous permet de toujours trouver la lame qui conviendra le mieux à notre peau. Dans cet article, La Razette a souhaité plonger dans les archives pour vous présenter les rasoirs du marché actuel sous un nouveau jour, en les comparant aux rasoirs anciens dont il sont inspirés. Pour chaque entrée vous trouverez à gauche le rasoir vintage, à droite le modèle moderne, ainsi que leur poids et taille respectifs.
Gillette Single Ring – Merkur 15C
Le premier rasoir de Gillette mondialement commercialisé (en réalité le second rasoir de la firme, après le Double Ring) est communément appelé Old Type ou Single Ring. Son nom lui vient de l’anneau qu’il présente entre le manche et sa tête. Très rapidement après sa sortie en 1904, de nombreuses marques européennes se sont jetées sur ce nouveau marché et se sont très largement inspiré du fer de lance de Gillette.
Le rasoir Merkur 15C est un de leurs plus anciens modèles toujours au catalogue. Il est toutefois passé à vis courte, pour une plus grande commodité : les pièces sont ainsi compatibles avec d’autres modèles.
8,2 cm – 51 g / 8,3 cm – 53 g
Gillette Ball End – Edwin Jagger DE89
Ce modèle de Gillette, créé vers 1909-1910, présente un manche au guillochage fin et une forme de boule à l’extrémité, d’où son surnom de « Ball-End ». Commercialisé jusque dans les années 1920, avec des têtes et des finitions différentes, une de ses versions a lui aussi accompagné les GI dans les tranchées durant la première guerre mondiale, dans les « Khaki Set » en toile camouflage.
Edwin Jagger, pour la version « Barley » de son iconique DE89, a repris la forme du manche Gillette, son guillochage et sa célèbre extrémité boursouflée, et l’a associé à sa tête à peigne fermée. Certainement l’une des têtes de rasoirs les plus utilisées au monde à l’heure actuelle.
8,4 cm – 57 g / 9,5 cm – 67 g
Bohin – Rockwell 6S
Nous en parlions déjà dans ce précédent article, mais il était temps de le montrer face à son hommage moderne. Le Bohin, créé en 1936, est l’un des premiers rasoirs à proposer une plaque porte-lame réversible. Une face « rase de près » tandis que l’autre « rase de très près ». Plusieurs autres petites marques ont proposé leur version, parfois tout en bakélite, mais le design art déco et l’efficacité du Bohin en ont fait une véritable coqueluche des collectionneurs. Et c’est français…
Le Rockwell 6S reprend cette idée de plaque réversible, qu’ils ont appliqué à trois plaques différentes. Ce rasoir permet donc 6 agressivités de rasage différentes ! Réalisé en inox moulé par injection, il est ultra résistant. Sa stature est bien plus imposante que son aïeul, pour s’adapter au marché qui préfère des modèles de plus en plus grands et lourds. Fort de son succès, le 6S est depuis décliné en plusieurs métaux et plusieurs finitions. Rockwell propose même des rasoirs avec une seule plaque, en métal chromé, idéals pour une entrée en matière.
8,4 cm – 65 g / 9,6 cm – 118 g
Fasan Blue Ghost – Phoenix Phantom Blue
Le slant Fasan « Twist » est un célèbre rasoir vintage en bakélite des années 1930/1940. Le fabricant allemand en proposait de toutes les couleurs, mais c’est la version en plastique bleu transparent que les collectionneurs apprécient le plus, le surnommant aujourd’hui « Blue Ghost », le fantôme bleu. Et si en plus on le trouve en coffret bleu transparent, c’est le pompon !
Phoenix Artisan Accoutrements se devait de lui rendre hommage. Ils ont d’abord proposé une version en véritable bakélite rouge « Ox Blood », et puis est venu ce Phantom Blue, rapidement suivi par d’autres versions : phosphorescent, rouge transparent, vert pailleté…
8,3 cm – 10 g / 8,3 cm – 12 g
Gillette Rocket HD – Parker 74R
Le Gillette « Rocket HD », aussi appelé Monobloc, est un rasoir de sécurité à papillon qui est sorti dans les années 1950, très populaire en Angleterre et en France. HD pour « Heavy Duty », il était en effet fabriqué pour durer, et endurer même les barbes les plus dures.
Le Parker 74R est un des derniers nés du célèbre fabricant Indien. Comme Rockwell, leur interprétation est bien plus grande et plus lourde que le modèle original. Mais la forme de diamant sous la tête ne laisse aucun doute quant à l’inspiration de Parker !
8,2 cm – 71 g / 10,7 cm – 95 g
Gillette Slim Adjustable – Rockwell Model T
Le « Slim Adjustable » est le troisième rasoir réglable de Gillette, après le « Toggle » dans les années 1950 et le « 195 », plus connu sous le nom de Fat Boy. Avec le Slim, ils ont souhaité proposé un modèle plus fin et plus long, pour toutes les mains et toutes les peaux. Commercialisé à des millions d’exemplaires entre 1963 et 1968, il est même apparu entre les mains de Sean Connery dans Goldfinger, son manche renfermant un des gadgets de l’espion le plus connu du cinéma.
Le Rockwell Model T reprend la nomenclature réglable / papillon, en apportant quelques touches modernes qui sont chères au fabricant Canadien. Certaines pièces sont en inox, la bague de réglage n’est pas crantée et offre ainsi plus de finesse, et ce rasoir présente là encore une taille et un poids conséquents.
9 cm – 71 g / 10,5 cm – 100 g
Swing – Fine « Marvel »
Fabriqué en Suède entre les années 1920 et 1950, il n’existe que peu d’informations sur le rasoir Swing. Les suédois sont connus pour leur acier de première qualité, et il ne fait aucun doute que le Swing en profite. Il est en effet très lourd pour l’époque,et d’une solidité à toute épreuve. Pour l’anecdote, le modèle présenté ici était distribué en France par Palmolive !
Le rasoir Marvel de Fine Accoutrements est loin d’être une copie conforme du Swing, mais on retrouve dans le design de son manche les mêmes lignes un peu art déco, et des caractéristiques similaires.
8,3 cm – 80 g / 8,7 cm – 95 g
Gillette Aristocrat – Parker 87R
Le Gillette « Aristocrat » a eu de nombreuses variantes, mais celle-ci est la plus répandue. Ce rasoir de sécurité à papillon est sorti dans les années 1950 comme le Rocket HD cité plus haut. Il lui ressemble d’ailleurs beaucoup, la différence se trouve dans le travail de ciselage de son manche, dans son plaquage au Rhodium, et dans ses présentations plus luxueuses.
Le Parker 87R propose ici un design très proche de l’original, les spirales ciselées sur son manche sont magnifiques et ne manquent pas de faire tourner les têtes. Ses caractéristiques sont également proches de l’original. Quelle joie de pouvoir s’offrir un rasoir si beau à moindre coût !
8,2 cm – 73 g / 8,7 cm – 82 g
Gillette Super Adjustable – Parker 96R
Le Gillette « Super Adjustable », surnommé « Black Beauty » par ses aficionados, est le rasoir réglable qui est venu remplacer le Slim et qui a été produit jusque dans les années 1980. Encore plus long, il dispose cette fois d’une finition noire très élégante. Au fil des ans les versions s’enchainent, de plus en plus légères et moins couteuses, le dessous de la tête étant même remplacé par des pièces en plastique noir.
Le rasoir Parker 96R reprend de nombreux éléments du design du Super Adjustable. Il n’est pas réglable, et le twist (jeu de mot intentionnel) réside dans le fait que la bague chromée en haut de manche sert ici à ouvrir le rasoir ! C’est tout le manche qui pivote. Le guillochage du manche est différent, mais il est en fait plus proche d’une des dernières versions du Black Beauty, avec la tête en plastique.
11 cm – 69 g / 11 cm – 77 g
Le rasoir Feather Popular moderne reprend lui aussi le design du Gillette Super Adjustable ! Surprenant et très intéressant, quand on sait qu’il était à l’origine inspiré d’un autre rasoir, le Schick… C’est une histoire que nous avons traitée dans un précédent article, que nous vous invitons à (re)lire :
En conclusion
A notre avis, il ne faut pas voir dans ces nouveaux modèles de rasoirs une fainéantise de designer ou un plagiat de la part des fabricants, mais bien une déclaration d’amour, un hommage à des modèles qui ont marqué leur temps. Saluons plutôt l’initiative des acteurs du marché du rasoir qui nous proposent des rasoirs de qualité, avec une histoire forte. Place aux jeunes !
Il y a bien sûr d’autres exemples, dont le Feather Popular et le Schick, le Gillette Lady et le Parker 29L du côté du rasage féminin, ou encore le Gibbs et le Rex… Il n’est pas impossible qu’une seconde partie de cet article voit le jour, n’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires !
Superbe article encore une fois de plus bravo Thomas 🙂
Bien belle idée d’article !
J’ajouterai que le Rex Supply s’inspire beaucoup des Gibs réglables, et un peu aussi du Merkur Progress.
Mais c’est bien Phoenix Artisan Accoutrements, le spécialiste du « revival » :
– La tête de l’Ecliptic s’inspire de celle de « L’Île de France », qui n’était pas un rasoir étazunien, comme son nom l’indique.
– Le Prismatic, aujourd’hui retiré de leur catalague, s’inspirait lui du Kirby Beard, qui comme son nom ne l’indique pas, était aussi français.
Très intéressant et très instructif.
Quelle bonne idée ces articles de la Razette.fr.
Merci pour le travail de recherches et d’archives.
Bonjour
Je suis comptent de voir tous ses rasoirs
Je me rase tous les jours au coupe choux depuis 30 ans mais je me suis rasé avec des rasoirs avec des lames quand j’étais jeune.
Merci pour ses photos
Merci pour ses photos
bonjour.
très bon petit article sur les anciens et nouveaux rasoirs double tranchant.
je suis un petit collectionneur, une trentaine,mais avec de bon rasoir et certain rare ou même assez rare.
j’ai des récents aussi, merkur 34c etc pearl flexi pour éviter d’utiliser mes gibbs 17, qui est pour moi le meilleur rasoir.
merci a vous
Excellent, on aimerait tous les posséder et les tester avec des lames double EDGE différentes (Feather, Muhle, Shark, Wilkinson, …)
Merci pour ce superbe post
Angel
je suis toujours ébouriffé par la qualité de vos recherches et l’ingéniosité humaine pour fabriquer des instruments de torture. D’un autre côté le combat pour la peau lisse se justifie parfois par la nécessité de « souffrir pour être belle » : on remarquera que les Césars de la Rome antique étaient rasés de près. Bon, d’accord, dans le marbre, les poils de barbe sont bien plus difficiles à représenter… Mais la pertinence de vos analyses et l’exactitude de vos recherches me laisse, encore une fois, pantois. Bravo !
P.S. je vous l’ai peut-être déjà dit, je suis passablement chauve, mais du côté de la barbe, même blanche, ça va, merci !